Anonyme

STABAT MATER

[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.269]

Attribution

Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).

Source

Anonyme, à 4, dans Recueil Deslauriers (n° d.269), partition, ms, 352 x 220 mm, f. 215v-216v, F-Pn/ Rés Vma ms 571

(3e, 4e et 5e systèmes du f. 215v ; f. 216 et 216v en entier)

Datation – Provenance

Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet.

Utilisation liturgique

Sept douleurs de la Vierge. Temps du Carême.

Effectifs – Disposition – Interprétation

sol2,sol2,ut2,fa3 / bc

Cette disposition chorale peut s’exécuter de plusieurs manières : soit avec deux voix d’enfants soutenues par deux pupitres de voix d’hommes (haute-contre, basse), soit avec trois voix d’enfants accompagnées par un pupitre de voix d’hommes. L’ensemble est soutenu par une basse continue.

 

Tous les versets pairs sont chantés par les chantres, en plain-chant sur le modèle du ℣. 2 noté dans la source. La prosodie des plain-chants suivants a été réalisée d’après la Complainte de la Sainte Vierge publiée dans Guillaume-Gabriel Nivers, Antiphonarium romanum… in usum et gratiam Monialium Ordinis Sancti Augustini, Paris, chez l’autheur, 1687, « Les Processions », p. 37-40.

Notes sur le texte

Séquence : Complainte de la très-sainte Vierge au pied de la Croix du Sauveur.

Versets impairs ainsi que le verset 2 en plain chant pour modèle des versets impairs.

Texte

Stabat mater dolorosa

Juxta crucem lachrimosa,

Dum pendebat Filius.

 

Cujus animam gementem,

Contristantem et dolentem

Pertransivit gladius.

 

O quam tristis et afflicta,

Fuit illa benedicta

Mater unigeniti !

 

[Quæ mœrebat, et dolebat,

Et tremebat, cum videbat

Nati pœnas inclyti.]

 

Quis est homo qui non fleret,

Christi matrem si videret

In tanto supplicio ?

 

[Quis posset non contristari,

Piam matrem contemplari

Dolentem cum filio ?]

Pro peccatis suæ gentis,

 

Vidit Jesum in tormentis :

Et flagellis subditum.

[Vidit suum dulcem natum,

 

Morientem desolatum,

Dum emisit spiritum.]

Eia mater, fons amoris,

 

Me sentire vim doloris

Fac ut tecum lugeam.

[Fac ut ardeat cor meum,

 

In amando Christum Deum,

Ut sibi complaceam.]

Sancta mater istud agas,

 

Crucifixi fige plagas :

Cordi meo valide.

[Tui nati vulnerati,

 

Jam dignati pro me pati,

Pœnas mecum divide.]

Fac me vere tecum flere,

 

Crucifixo condolere,

Donec ego vixero.

[Juxta crucem tecum stare,

 

Te libenter sociare

In planctu desidero.]

Virgo virginum præclara,

 

Mihi jam non sis (a) amara,

Fac me tecum plangere.

[Fac ut portem Christi mortem,

 

Passionis ajus sortem,

Et plagas recolere.]

[Fac me plagis vulnerari,

 

Cruce hac inebriari,

Ob amorem filii.]

Inflammatus et accensus,

 

Per te Virgo sim defensus,

In die judicii.

[Fac me cruce custodiri,

 

Morte Christi præmuniri,

Confoveri gratia.]

Quando corpus morietur,

 

Fac ut animæ donetur

Paradisi gloria.

(a) source : “sit”.

Traduction

La Mere atteinte de douleur, estoit debout auprés de la Croix, où tandis que son Fils fut cloüé, elle versa continuellement des pleurs.

Aussi dans les gemissemens, l’espée des ennemis transperça son ame triste et désolée.

O Dieu de quelles angoisses fut saisie cette beniste Mere de l’unique Fils.

Elle s’affligeoit, et se laissoit emporter à la douleur tremblante d’horreur et d’effroy, le voyant dans les tourmens.

Qui est l’homme qui ne fondroit en larmes, s’il contemploit la Mere du Sauveur, parmy de si grandes peines ?

Qui pourroit ne se pas affliger la considerant si triste auprés de son cher Enfant ?

Elle vid Jesus dans les tortures inoüies, pour les pechez de son peuple ; elle le vid soûmis à la flagellation, et à tous les outrages que la cruauté se pouvoit imaginer.

Et comme il estoit dans la derniere agonie, ses yeux l’apperceurent mourant sans recevoir aucune consolation.

O Marie fontaine d’amour, faites que je pleure avec vous en sentant les amertumes de vos ennuis.

Faites que mon cœur s’allume en aymant Jesus-Christ qui est Dieu : admirable moyen pour luy plaire.

Saincte Mere ne me refusez point une faveur si particuliere : enfoncez ses playes bien avant dans mon cœur.

Partagez avec moy ses blessures, aussi bien que toutes les peines qu’il a daigné souffrir pour mon salut.

Faites que sans artifice, je pleure amerement avec vous, et que tant que je vivray, je porte patiemment avec luy les injures et la persecution.

Que je me tienne auprés de la Croix, en vostre compagnie, et que selon mes souhaits je ne vous quitte point en toutes vos detresses.

Vierge incomparable, et l’honneur des Vierges, permettez que je verse mes larmes dans le torrent de vos pleurs.

Faites que je ressente en mon cœur la mort de Jesus-Christ ; et que celebrant la mémoire de sa passion, mon esprit puisse estre atteint de ses douleurs.

Faites que je sois navré de ses playes, et que remply de son amour, je puisse estre enyvré de ses souffrances.

Faites que je sois enflammé et embrasé pour le zele de son service, et que vostre intercession me défende au jour du jugement.

Faites que sous la protection de la Croix, je sois muny de la mort de mon sauveur, et fortifié de sa grace.

Et finalement quand il faudra nous dépoüiller de nos corps, faites que la gloire du Paradis soit donnée à nostre esprit.

(traduction : Michel de Marolles, Daniel de Cigongné, L’Office de la Semaine Sainte, selon le Messel et Breviaire Romain, Paris, Compagnie des libraires associez au Livre de la Semaine Sainte, 1662, p. 750-751.)

Résumé

Compositeur

Titre

Stabat mater

Effectif simplifié

Quatre parties avec trois voix d'enfants et basse continue

Effectif détaillé

sol2,sol2,ut2,fa3 / bc

Source

Paris BnF (Mus.) : Rés. Vma ms 571, n° d.269.

Genre musical

motet

Genres littéraire et liturgique

séquence

Identifiant

Utilisation liturgique

Sept douleurs de la Vierge
Carême