Congratulamini mihi

Étienne Moulinié

CONGRATULAMINI MIHI

[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.166]

Attribution

La mention du nom de Moulinié dans la source, faite par le copiste du motet, est corroborée par deux autres sources (voir Dossier attributions).

Source

A.

Étienne Moulinié, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.166), partition, ms, 352 x 220 mm, f. 140^v-141^v, F-Pn/ Rés Vma ms 571

(2^e et 3^e systèmes du f. 140^v ; f. 141 en entier ; 1^er système du f. 141^v)

f. 141^v : « Mouliniez » par le copiste de la musique

B.

Étienne Moulinié, Motet de la Vierge. A cinq., dans Meslanges de sujets chrestiens, 5 parties séparées, Paris, Jacques Senlecque, 1658, F-Psg/ Vm 114 (1-5) Rés.

la partie de basse-taille est manquante

dessus (f. 28^v-29)

haute-contre (f. 28^v-29)

taille haute (f. 28^v-29)

basse-taille : manque

basse (f. 28^v-29)

basse continue (f. 31^v-32)

C.

Étienne Moulinié, Congratulamini, dans Melange/ de/ Moulinier./ Copiez et mis en ordre Par Philidor laisné Ord.^re de la musique du/ Roy et l’un des deux gardiens de la Bibliotheque de musique de sa/ Majesté fait a Versailles en 1697, partition, ms, 450 x 300  mm, p. 147-151, F-Pn/ Rés. F 769

copie d’André Danican Philidor

le copiste divise l’œuvre en deux motets Congratulamini mihi (p. 147-149) et Dilecte mi (sic, p. 150-151), titres repris dans la Table des matières.

Comparaison des sources

La source A, peut-être antérieure à l’édition de 1658 (source B, en parties séparées et incomplète), présente des variantes importantes, notamment l’absence de la basse continue chiffrée qui est imprimée dans B et un changement des registres vocaux aux mesures 31-33. La source B est transposée au ton supérieur (en la). Des modifications importantes apparaissent dans les rythmes, les deux croches étant souvent remplacées par croche pointée – double croche. La fin de l’œuvre enfin est fortement remaniée (mes. 62-67).

Bien que fort tardive, la source manuscrite C, également en la, est en partition ; elle s’appuie sur B qu’elle complète pour la partie de basse-taille. Toutefois, du fait d’une mauvaise lecture de la source B, la source C partage l’œuvre en deux motets distincts : Congratulamini mihi et Dilecte mi. De plus, la partie de taille de la mesure 50 a été recomposée par Philidor, qui supprime également deux mesures aux parties de dessus, haute-contre et basse-taille (mes. 54-55). On notera l’absence quasi-totale des chiffrages de la basse continue, de très nombreuses fautes de copie et quelques modifications tant dans le texte que dans le rythme de la basse continue.

Ces variantes entre les trois sources sont décrites dans le fichier Concordances. Elles sont dues peut-être à la destination différente des sources : une maîtrise accompagnée par un chœur de chantres pour la source A (une grande institution ecclésiastique donc) ; le corps de musique de la Cour de Gaston d’Orléans pour la source B.

Datation – Provenance

Si la source B a été imprimée en 1658, le volume était prêt dès 1650, comme en témoignent à la fois le privilège de publication obtenu par Moulinié en 1651 et surtout l’annonce de la parution de « ses glorieux meslanges qui sont prests de voir le jour », dans la préface des Airs à quatre parties sur la paraphrase des pseaumes de messire Antoine Godeau de Jacques de Gouy, publiés à Paris chez Robert Ballard en 1650 (voir aussi Étienne Moulinié, Meslanges de sujets chrestiens, éd. Jean Duron, Versailles, Éditions du CMBV, 1996, p. xi-xv). La source A présente probablement un état antérieur de l’œuvre.

Utilisation liturgique

Offices de la Vierge. Visitation de la Vierge.

Effectifs – Disposition – Interprétation

sol2,ut2,ut3,ut4,fa4

sol2,ut2,ut3,ut4,fa4 / bc

Dans la version de la source A, le motet est composé pour un chœur à cinq parties, comprenant une partie pour les enfants de chœur, soutenue par quatre pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille, basse taille et basse.

La version des sources B et C, qui comporte une basse continue (chiffrée dans B), a pu être chantée par la Musique de la chambre à la Cour de Gaston d’Orléans, les dessus étant tenus par des voix d’enfants ou de femmes.

Notes sur le texte

Ce centon anonyme, peut-être une antienne, qui commence sur un répons pour la fête de la Visitation de la Vierge, est d’inspiration libre. On notera toutefois quelques emprunts au Cantique des cantiques : « collum tuum sicut monilia » et « oculi tui columbarum » (Cc I, 9 et 14) et, pour l’expression « amantium puritatem » à saint Laurent Justinien.

Texte

Congratulamini mihi omnes qui diligitis Dominum.

Amatores Jesu gaudete mecum.

Fulcite me floribus, stipate me malis ad amoris solatia.

Dilecta mea, dilecte mi, o amor, o voluptas.

Oculi tui columbarum.

Collum tuum sicut monilia.

Castos lilia referant amores.

Canite cælites superorum vivat amor.

Dicite superi amantium puritatem.

Traduction

Félicitez-moi vous tous qui aimez le Seigneur.

Vous qui chérissez Jésus, réjouissez-vous avec moi.

Appuyez-moi sur des fleurs, entourez-moi de fruits odorants jusqu’à la rédemption de l’amour.

O ma bien-aimée, ô mon bien-aimé, ô amour, ô volupté,

Vos yeux sont comme les yeux des colombes,

Votre col est comme de riches colliers,

Que les lys témoignent des chastes amours.

Anges du ciel, chantez, clamez partout que l’amour est vivant.

Vantez en tous lieux la pureté de ceux qui vivent d’amour.

(traduction : Jean Duron)

Édition moderne

Étienne Moulinié, Meslanges de sujets chrestiens, éd. Jean Duron, Versailles, Éditions du CMBV, 1996, p. 283-290 (source B seulement).