Anonyme

TOTA PULCHRA ES AMICA MEA

[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.67]

[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.94 et d.112]

Attribution

Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).

Sources

A.

Anonyme, Quatuor voc., dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.67), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 82v-84, F-TO : ms 168

(dernier système des f. 82v-84.)

 

B.

Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.112), partition, ms, 352 x 220 mm, f. 97v-98, F-Pn : Rés Vma ms 571

(dernier système du f. 97v ; ajout « Dilectus meus mi » au milieu et à droite du f. 97v, sous la mention « Sicut lætentium ut supra » ; le f. 98 en entier.)

 

C.

Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.94), esquisse, ms, 352 x 220 mm, f. 85, F-Pn : Rés Vma ms 571

(les deux portées biffées en haut du f. 85 ; ce fragment correspond aux mes. 12-27 de la source B.)

Comparaison des sources

Quoique comportant des différences notables, notamment dans leur dessein général, ces deux sources témoignent d’un lien et peut-être d’une origine commune. Les nombreuses variantes sont décrites dans le dossier Concordances et analysées dans celui de Peter Bennett.

La source A se présente sous une forme achevée : les indications de la reprise indiquée à la fin du f. 83v n’étant pas très claires, l’on s’appuiera sur celle de la basse (« Surge for. proper. &c/ Usquam Et veni quod bis rep. ») qui invite à répéter les mesures 7-16 en doublant la partie de 3e dessus au bas-dessus, puis à reprendre une nouvelle fois les mesures 9-16, ce que confirme la source B.

Cette source B est néanmoins beaucoup plus confuse. Copiée rapidement, elle contient de nombreuses ratures et surcharges. Par ailleurs, un copiste différent a ajouté, tardivement, une partie lacunaire de basse continue. La section la plus ambiguë est sans doute les quatre mesures notées au f. 97v (« Dilectus meus mi ») au-dessus de « Surge propera ». Cette section, visiblement ajoutée au motet ‒ ce que confirment le texte et l’effectif ‒ ne figure pas dans la source A. Reste à déterminer sa place au sein du motet. Nous avons opté ici pour une conclusion, le copiste notant ici, dans un espace laissé en blanc, une fin qu’il ne pouvait copier sur le f. 98, totalement plein, et donc en remplacement de la reprise du « Tota pulchra es » qui achève la source A. Ce choix est conforté par la présence d’une double-barre en fin de section.

Quant à la source C, il s’agit d’une erreur du copiste qui, ayant achevé la mesure 10 et le f. 97v, prend une nouvelle feuille pour poursuivre son travail. Après avoir copié la partie de 1 er dessus correctement, il se trompe une première fois sur l’emplacement de l’imitation « Et veni » au 2 e dessus, et une nouvelle fois sur « Ecce tu pulchra » où il note le début de « Tota pulchra es » (version abandonnée des mesures 1-6). Il biffe ce passage, prend un nouveau feuillet vierge et poursuit sa tâche.

Source C

 

 

Du point de vue du dessein général du motet, on notera l’abandon dans la source B de la reprise du « Tota pulchra es » proposé dans la source A et son remplacement par un nouveau « Dilectus meus mi ». Par ailleurs, dans la source B, le 2e dessus du « Tota pulchra es » (mes. 1-6 et les reprises) est entièrement recomposé ; quant à la section suivante, les injonctions « Surge, propera » confiées au 3 e dessus (mes. 7-10), puis renforcées à l’unisson (mes. 33-36), sont chantées à deux parties dans B. Enfin, la section « et ego illi » (mes. 48-52 du manuscrit de Tours) comporte des variantes mélodiques dans B.

Datation – Provenance

Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique.

La partie de basse continue de la source B a pu être ajoutée très tardivement, après 1660, voire même lorsque le Recueil Deslauriers est entré dans la collection de Sébastien de Brossard. Mais l’écriture maladroite de cette partie ne correspond pas à la sienne, y compris dans ses esquisses.

Utilisation liturgique

Assomption de la Vierge ? Visitation ?

Effectifs – Disposition – Interprétation

sol2,sol2,sol2,ut1

sol2,sol2,sol2,ut1 / bc

Le motet est composé pour un chœur à quatre parties de dessus< destinées aux enfants, combinaison rare. L’écriture qui oppose en plusieurs endroits les 1 er et 2 e dessus aux deux autres parties permet d’envisager une disposition à deux chœurs.

Notes sur le texte

Ce centon d’un poète anonyme a été réalisé à partir de différents passages du Cantique des cantiques (iv, 7 ; ii, 10 ; i, 15 ; ii, 16), sans aucun ajout. On notera la synérèse « mi » pour « mihi » (« Dilectus meus mi ») qui apparaît dans les deux sources, et quelques erreurs du copiste de la source B (par exemple « Ecce tu pulcher es, amica mea »). Ce texte qui peut servir de répons réunit plusieurs incises chantées pour les fêtes de l’Assomption de la Vierge ou de la Visitation.

Texte

Tota pulchra es, amica mea.

 

Surge, propera, formosa mea,

Surge, propera, columba mea,

Surge, propera, amica mea, et veni.

 

Tota pulchra es, amica mea.

 

Ecce tu pulcher es, dilecti mi !

Ecce tu pulchra (a) es, amica mea !

 

Surge, propera, formosa mea,

Surge, propera, columba mea,

Surge, propera, amica mea, et veni.

 

Dilectus meus mi, et ego illi.

 

Tota pulchra es, amica mea.

 

(a) source B : « pulcher ».

Traduction

Ma Bien-aimée, vous êtes toute belle.

 

Levez-vous, hâtez-vous ma belle,

Levez-vous, hâtez-vous, ma colombe,

Levez-vous, hâtez-vous ma Bien-aimée, et venez.

 

Ma Bien-aimée, vous êtes toute belle.

 

Que vous êtes beau, mon Bien-aimé !

Que vous êtes belle, ma Bien-aimée !

 

Levez-vous, hâtez-vous ma belle,

Levez-vous, hâtez-vous, ma colombe,

Levez-vous, hâtez-vous ma Bien-aimée, et venez.

 

Mon Bien-aimé est à moy, et je suis à luy.

 

Ma Bien-aimée, vous êtes toute belle.

 

(traduction d’après : Jeanne Marie Guyon, Le Cantique des cantiques de Salomon, interpreté selon le sens mistique, & la vraïe representation des etats interieurs, Lyon, Briasson ; Paris, Coustellier, 1688)

 

Résumé

Compositeur

Titre

Tota pulchra es amica mea

Effectif simplifié

Quatre parties d'enfants
Quatre parties d'enfants et basse continue

Effectif détaillé

sol2,sol2,sol2,ut1
sol2,sol2,sol2,ut1 / bc

Source

Tours BM : ms 168, n° t.67
Paris BnF (Mus.) : Rés. Vma ms 571, n° d.112
Paris BnF (Mus.) : Rés. Vma ms 571, n° d.94

Genre musical

motet

Genres littéraire et liturgique

centon

Identifiant

Utilisation liturgique

Assomption de la Vierge
Visitation de la Vierge