Anonyme
DUCITUR TURMA NOBILIS
[ Hymne Cælum digne tripudiat ]
[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.7]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions). Si l’hypothèse de datation et de provenance proposée ci‑dessous était vérifiée, cette œuvre pourrait être attribuée à Julien (?) Burgault ou à son successeur Innocent Boutry, maîtres de chapelle de la cathédrale de Tours au milieu des années 1650 (voir aussi les motets d.4 et d.6). Sébastien de Brossard considérait Burgault, qui avait enseigné à Pierre Tabart, futur maître de chapelle de la cathédrale de Meaux, comme « le plus habile contrapunctiste de son temps » (Catalogue, p. 342).
Sources
Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.7), partition, ms,
352 x 220 mm, f. 6, F-Pn/ Rés Vma ms 571
(f. 6 en entier)
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune autre concordance n’a été établie. Il est possible que cette œuvre ait été composée dans les années 1640-1650. Pour la provenance, il s’agit peut-être d’un motet composé pour la cathédrale Saint-Maurice d’Angers ou pour celle de Tours, en lien éventuellement avec le motet précédent (voir Deslauriers, n° d.6).
Utilisation liturgique
Saint Maurice et ses compagnons martyrs (22 septembre). Vêpres.
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,ut4 // ut1,ut3,ut4,fa4
Le motet est composé pour six parties distribués en deux chœurs : le premier à deux parties (dessus et taille), le second à quatre, avec une partie de dessus chantée par les enfants de chœur, soutenus par trois pupitres d’hommes : haute-contre, taille et basse. La seconde partie du motet (verset 5) est à trois voix (deux dessus et taille).
Il est probable que l’hymne ait été chantée en alternance, plain chant, polyphonie à 6, polyphonie à 3. Malheureusement aucune source n’a été trouvée pour le plain chant (voir aussi le motet n° d.39).
Notes sur le texte
2e et 5e versets de l’hymne Cælum digne trepudiat chantée pour les vêpres de la fête de saint Maurice et de ses compagnons martyrs (22 septembre). Selon Xavier Barbier de Montault (Œuvres complète de Mgr X. Barbier de Montault, prélat de la maison de sa Sainteté, tome 13 : Rome, VI : Hagiographie, 5e partie, Poitiers, impr. Balis et Roy, 1899, p. 337-338), cette hymne médiévale se trouve dans le Bréviaire d’Angers (édition de Rouen, 1504) et dans celui de Tours (édition de Paris, 1522). Guido Maria Dreves (Analecta hymnica medii aevi, XIX. Hymni inediti. Liturgische Hymnen des Mittelalters, Leipzig, Reisland, 1895 ; repr. New-York, London, Johnson reprint, 1961, p. 212-213) la signale dans les bréviaires de Tours dès 1343 et encore dans le bréviaire imprimé de 1522. Rappelons que la cathédrale Saint-Gatien a été bâtie sur un édifice précédent consacré à saint Maurice par saint Grégoire.
Texte
Ducitur turma (a) nobilis,
Adscripta cæli titulis,
Hoste devicto jugulis
Supernis dives spoliis.
O inter tanta millia (b)
Unanimis constantia,
Vota mortis spontanea
Vitæ reddunt commercia.
(a) Dreves : « turba ».
(b) Dreves : « milia »
Traduction
La noble troupe est conduite,
prête à recevoir les honneurs du ciel,
après avoir vaincu l’ennemi, égorgé
les puissants, chargée de leurs riches dépouilles.
O parmi tant de milliers,
tous unis indéfectiblement,
prêts à accepter la mort,
ils offrent le sacrifice de leur vie.
(traduction : Jean Duron.)
Annexe
Guido Maria Dreves, Analecta hymnica medii ævi, Volume 19 : Hymni inediti. Liturgische Hymnen des Mittelalters, Leipzig, Reisland, 1895 ; repr. New-York, London, Johnson reprint, 1961, p. 212-213.