Anonyme
NON NOBIS DOMINE
[ Hymne In exitu Israel ]
[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.16]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).
Sources
Anonyme, In exitu/ Israel, dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.16), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 33v-35, F-TO : ms 168
(f. 33v-35 en entier)
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique.
Utilisation liturgique
Tous les temps. Dimanches. Vêpres.
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,ut1,ut3,ut4
Cette disposition chorale peu fréquente (voir Tours-168, nos t.27, t.74 et t.77) peut s’exécuter de plusieurs manières : soit par deux voix d’enfants accompagnées de deux voix d’hommes, haute-contre et basse-taille ; soit avec trois voix d’enfants (si l’on dispose d’enfants chantant la partie de haute-contre en bas-dessus) accompagnés par un pupitre de basse-taille.
Il est probable que les versets pairs du psaume sont psalmodiés en alternance (voir annexe ci-dessous), les versets impairs reprenant la section à cinq parties.
Notes sur le texte
Psaume 113, seconde partie, ℣. 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27/27 ; les versets pairs sont chantés en plain chant.
Jean Métezeau (secrétaire et agent des affaires de feue Mme la duchesse de Bar, Catherine de Bourbon, sœur unique du roi Henri IV, près sa Majesté), – Les CL Pseaumes de David mis en vers françois, et rapportez verset pour verset selon la vraye traduction latine receue en l’Eglise Catholique, Paris, Robert Houët, 1610 (dédié au Roi), p. 528 – note à propos du psaume 113 : « En la seconde partie, (dont les Hebrieux font un Pseaume à part) est deduit la difference d’un seul, et vray Dieu aux Idolles, et faux Dieux des Gentils, le tout tendant à sa gloire, et louange. Mistiquement l’Eglise représente les misteres de la n’aissance, Passion, Resurrection, et Ascension de nostre Redempteur Jesus Christ, pour nous tirer de la servitude de Sathan, de la mort, et du peché, et nous conduire à la vie eternelle. »
Texte
9. Non nobis, Domine, non nobis : sed nomini tuo da gloriam.
10. [Super misericordia tua, et veritate tua : * nequando dicant gentes :
ubi est Deus eorum ?]
11. Deus autem noster in cælo, omnia quæcumque voluit, fecit.
12. [Simulacra gentium argentum et aurum, * opera manuum hominum.]
13. Os habent, et non loquentur : oculos habent, et non videbunt.
14. [Aures habent, et non audient : * nares habent, et non odoribunt.]
15. Manus habent, et non palpabunt ; pedes habent, et non ambulabunt ;
non clamabunt in gutture suo.
16. [Similes illis fiant qui faciunt ea : * et omnes qui confidunt in eis.]
17. Domus Israel speravit in Domino : adjutor eorum, et protector eorum est.
18. [Domus Aaron speravit in Domino : * adjutor eorum et protector eorum est.]
19. Qui timent Dominum, speraverunt in Domino : adjutor eorum et protector
eorum est.
20. [Dominus memor fuit nostri : * et benedixit nobis.]
21. Benedixit domui Israel : benedixit domui Aaron.
22. [Benedixit omnibus qui timent Dominum, * pusillis cum majoribus.]
23. Adjiciat Dominus super vos : super vos, et super filios vestros.
24. [Benedicti vos a Domino, * qui fecit cælum, et terram.]
25. Cælum cæli Domino : terram autem dedit filiis hominum.
26. [Non mortui laudabunt te Domine : * neque omnes qui descendunt in infernum.]
27. Sed nos qui vivimus, benedicimus Dominum (a), ex hoc nunc et usque in sæculum.
(a) tous les ouvrages liturgiques du xviie siècle consultés indiquent « Domino » ; en revanche les éditions tardives de saint Augustin ou de saint Jérôme citant ce verset notent « Dominum ».
Traduction
9. Non à nous, non à nous, Seigneur plein de clémence
Mais à ton nom à qui nous portons révérence
Donne louange, et gloire, à luy cela convient
Non à nous, non à nous, rien ne nous appartient.
10. Faicts le pour ta bonté qui n’a rien de semblable,
Et pour ta vérité permanente, et durable,
A fin que quelques fois les gens ne disent pas
Où demeure leur Dieu, dont ils font si grand cas.
11. Dieu, sur qui nous mettions nostre espoir à tout heure,
Est au Ciel, il y faict sa sacrée demeure,
Et tout ce qu’il luy plaist, ne faisant pourtant rien
Qui ne tourne du tout pour nous et nostre bien.
12. Ses Idoles aussi que le gentil adore,
Ne sont rien qu’or qu’argent et qu’ouvrages encore,
Que l’artisan façonne à sa discrétion
Sans sentiment, sans poux, et sans nulle action.
13. Ils ont bouche, et pourtant ne disent nulle chose,
Ne sont point de responce à ce qu’on leur propose,
Ils ont des yeux aussi, mais sans aucun pouvoir,
De voir, et nul object ne les peut esmouvoir.
14. Ils ont pareillement des oreilles formées,
Mais ils n’entendent rien, car elles sont fermées,
Ils ont un nez encore, et n’odorent pourtant
L’encens que l’on leur offre, et rien ne vont sentant.
15. Ils ont des mains aussi mais elles ne manient
Chose que ce puisse estre, et point ne s’en soucient,
Ils ont pied mais ne vont pour la mesme raison
Et leur gorge ne rend encores aucun son.
16. Que tous ceux qui les font, et qui sont si peu sages
Puissent tous ressembler à tous leurs vains ouvrages,
Qu’ainsi leur en advienne, et soit encor de ceux
Qui les vont réclamant, et se fient en eux.
17. La maison d’Israel, tant seullement se fie
Au Seigneur quelle invoque, et qu’elle glorifie :
C’est elle à qui elle a incessamment recours,
Il est son protecteur, son appuy, son secours.
18. La famille d’Aron, tant seullement espère.
Au Seigneur tout puissant, elle soubs luy prospère,
Elle recourt à luy, lors qu’elle en a besoing,
Il est son protecteur, et d’elle il prent le soing.
19. Tous ceux qui craignent Dieu, prennent en luy fiance
Attendent son vouloir, avecques patience,
Il est leur protecteur, leur recours, leur appuy,
Il les délivre en fin, de misère, et d’ennuy.
20. Le Seigneur, à qui nous rendons honneur, et gloire,
S’est souvenu de nous, il en a pris mémoire
Quant nous l’avons requis, et plein d’affection
Il nous a départy sa bénédiction.
21. Il bénit d’Israel, la maison florissante,
C’est luy qui la rendüe ainsi qu’elle est puissante,
Et qui pour tout jamais a bény la maison
D’Aron, son bien aymé pour la mesme raison.
22. Il a pareillement, et d’une mesme sorte
Comblé de grace, et d’heur ceux qui ferment la porte,
Aux désirs vicieux, rengeans leur appétis
Aux termes de la loy tant grands comme petis.
23. Ainsi plaise au Seigneur, et veuille en toute place
Accroistre dessus nous sa clémence, et sa grace,
Et la continuer aux siècles arrivans
Par sa saincte bonté sur vous, et vos suivans.
24. Vous estes tous bénis de la divine dextre
Du Seigneur qui forma ceste masse terrestre
Toute pleine de biens, et le Ciel qui reluit
Des deux almes flambeaux du jour, et de la nuit.
25. Mais le haut Ciel où sont tant de divines flames
Doux object de nos yeux, ainsi que de nos ames,
Est pour le tout-puissant, et le bas élément
Il l’a pour les mortels réservé seullement.
26. Et toutesfois les morts abattus soubs la lame
Ne te donneront point Seigneur que je réclame
D’honneur, ny de loüange, et ceux qui sont au bas
Des enfers dévalez engloutis du trespas.
27. Mais bien nous, mais bien nous, qui sommes pleins de vie
Donnons gloire au Seigneur d’une loüable envie,
Célébrons sa mémoire exaltons désormais
Ses bontez à cest heure, et tousjours à jamais.
(traduction : Jean Métezeau, op. cit., p. 530-533.)
Annexe
Antiphonarium juxta Breviarium Romanum, Lyon, Sumptibus Societatis Bibliopolarum, 1670, « Cantus psalmi », p. 17.