Anonyme

HEUREUX SÉJOUR DE PARTHÉNISSE

Chanson à quatre

[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.2]

Attribution

Cette chanson est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).

Source

Anonyme, Chan/son/ A/ quatre, dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.2), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 1-12, F-TO : ms 168

(dernier système de chaque page.)

Datation – Provenance

Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique. En supposant que le choix des paroles anonymes s’est fait sur des ouvrages publiés antérieurement, il est possible d’avancer quelques hypothèses : publication en 1623 d’un air d’Antoine Boesset sur la première partie du texte ; publication plus complète du texte dans La Caribatye des artisans vers 1647.

Effectifs – Disposition – Interprétation

sol2,ut2,ut3,fa3

La partie de dessus, chantée par une voix de femme ou d’enfant, est accompagnée par trois voix d’hommes : haute-contre, taille et basse.

Notes sur le texte

Les paroles anonymes de cette chanson ont été utilisées, pour la première partie seulement, par Antoine Boesset dans les ouvrages suivants :

- Pierre Ballard, VI. Livre d’airs de cour, Paris, Pierre Ballard, 1624, f. 5v-6, partie de dessus seul ;

Airs de différents auteurs avec la tablature de luth, unziesme livre, Paris, Pierre Ballard, 1623, partition voix et tablature, f. 11v-12 ;

- Antoine Boesset, Quatr. Livre d’Airs de cour a quatre et cinq parties, Paris, Pierre Ballard, 1624, 4 voix, f. 20v-21, B-Br : Fétis 2319 A 4 (RP) ;

- Antoine Boesset, Airs de cour à 4 et 5 parties, IV, Paris, Christophe Ballard, [1689], f. 77v-78.

La chanson du manuscrit Tours-168, dont la musique est entièrement nouvelle, commence toutefois par un sujet proche de celui de Boesset, peut-être un emprunt à un timbre populaire. Ce texte se retrouve également mis en musique en 1633 par Sophie Elisabeth von Braunschweig-Wolfenbüttel dans un manuscrit en partie séparée (basse seulement) de la Herzog August Bibliothek de Wolfenbüttel (D-W, Cod. Guelf. 52 Noviss. 8|o, n° 10 ; RISM A/II : 451504289). L’ouvrage de Boesset a donné lieu à plusieurs parodies spirituelles et à des arrangements.

Les cinq premières strophes de la chanson se retrouvent aussi, avec de nombreuses variantes et sous le titre « Air de Cour », dans un recueil intitulé La Caribarye des artisans, ou Recueil nouveau des plus agreables chansons, vieilles et nouvelles, propres pour les gens de métier et autres, Paris, Nicolas Boisset, [ca 1647], Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, Réserve 8° BL 11440, « Air de Cour » p. 89-90. Ce volume a été publié par Achille Percheron (Paris, Jules Gay, 1862, p. 89-90).

La sixième strophe présente ici n’a pas pu être retrouvée.

Le thème de Parthénisse, « l’incomparable virginette », figure de la beauté absolue et de la virginité, est particulièrement fréquent dans la littérature française sous le règne de Louis XIII, par exemple dans les poésies de Claude Malleville (1597-1648) avec son sonnet « Que Parténice est belle, encor qu’elle soit noire », composé à l’ « Imitation du Cavalier Marin » (Poésies, 1649), ou plus tard dans les « Stances à Parthénice » attribuées au jeune Jean Racine. On la peint aussi au théâtre en 1641 avec la tragi-comédie La Parthénice de l’académicien Balthazar Baro, ou auparavant avec cette Parthénice, première et seconde journée que l’on attribue à Alexandre Hardy. Tout naturellement, sur le modèle du célèbre poème, la Parthenice Mariana du Mantouan Giovanni Battista Spagnuoli (Bologne, 1481), cette figure fut utilisée dans des ouvrages édifiants. L’œuvre de Spagnuoli, éditée à plusieurs reprises en France au début du xvie siècle, fut traduite en vers français par Nicolas Dadier, carme du couvent du Ploërmel, sous le titre de La Vie de la Vierge Marie ou la Parthénice Mariane (Rennes, Tite Haran, 1613). Enfin, on notera le roman édifiant de Jean-Pierre Camus (1584-1652), évêque de Belley, Parthénice ou peinture d’une invincible chasteté. Histoire napolitaine (Paris, Claude Chappelet, 1624), qui se veut « de porter devant les yeux des Mortels, le lustre de la plus saincte flamme qui puisse tomber en l’humaine pensée ». L’auteur y peint Parthénice comme « un beau Lys dans les brossailles des malheurs, une belle Rose dans les espines des calamitez, un Pin verdoyant qui eslève sa teste parmy les glaces des désastres » (p. 5).

Texte

[PREMIÈRE PARTIE]

 

Heureux sejour de Parthénisse et d’Alidor,

Lieux tant aimez où refleurit le siècle d’or (a),

Quand je vous vis en (b) vos appas, je me perdis,

Mais toutte fois mon cœur vous nomme son paradis.

 

Si les attraits que Parthéniss’a dans les yeux

Sont plus luisans (c) que le soleil dedans les cieux,

Alidor, beau comme (d) le dieu qui faict aimer,

Possèd’encor la voix d’un ange pour me (e) charmer.

 

Je suis espris de la merveille de sez beautez (f) ;

Mes sens d’amour et de souspirs (g) sont enchantez

Par un transport dont je ne puis jamais guarir.

La voix de l’un, les yeux de l’autre me font mourir.

SECONDE PARTIE

 

Chère Philis, rare (h) merveille de l’univers,

L’uniqu’objet (i) de mes souspirs et de mes vers,

Pardonnez-moy si je me plains de vos beaux yeux (j) :

Ne les aimer (k), c’est faire un crime devant les dieux.

 

Parthénisse, je te conjure, par le pouvoir

Et par le feu que la nature t’a faict (l) avoir,

Ne pense pas brusler tes feux (m) sur les mortels

Si tu ne veux qu’on sacrifie sur tes autels.

 

En quelque part que tu t’en ailles (n), je te suivray ;

Me prosternant devant ta face, je te diray :

Parthénisse, mon cher soulcy, arrest’un peu !

Ne provoque point à colère ce petit dieu !

 

(a)   source La Caribarye : « Lieux pleins d’amour et de plaisir au siècle d’or ».
(b)   Id. : « dans ».
(c)   Id. : « brillants ».
(d)   Id. : « plus beau que ».
(e)   Id. : « mieux ».
(f)   Id. : « des merveilles de ces beautez ».
(g)   sources Boesset et La Caribarye : « plaisir ».
(h)   source La Caribarye : « douce ».
(i)    Id. : « Unique objet ».
(j)    Id. : « devant tes yeux ».
(k)   Id. : « Car ne t’aymer ».
(l)    Id. : « don que la nature te fait ».
(m)  Id. : « Ne darde plus brillant tes yeux ».
(n)   source Tours-168 : « aille ».

 

 

Résumé

Compositeur

Titre

Heureux séjour de Parthénisse - Chanson à quatre

Effectif simplifié

Quatre parties avec une voix de dessus

Effectif détaillé

sol2,ut2,ut3,fa3

Source

Tours BM : ms 168, n° t.2

Genre musical

chanson

Genres littéraire et liturgique

chanson

Identifiant