Anonyme
QU VOU SI DONNAR DAU PLESIR
[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.288]
Attribution
Cette chanson provençale, considérée comme « remarquable » et intitulée « Caquet des Rebieres et Bugadieres » par Sébastien de Brossard (Catalogue, p. 351-352), est anonyme (voir Dossier attributions).
Source
Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.288), partition, ms, 352 x 220 mm, f. 231-231v, FPn/ Rés Vma ms 571
(f.231 en entier ; trois premiers systèmes du f. 231v)
le premier système de chaque feuillet a été rogné lors de la reliure ; la partie de haute-contre est donc lacunaire aux
mes. 1-7 et 31-36 ; une proposition de reconstitution est proposée ici en tenant compte de l’emplacement du texte, visible, et de quelques signes qui restent apparents dans le bas de la portée
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater cette chanson pour laquelle aucune autre concordance n’a été établie.
Effectifs – Disposition – Interprétation
ut2,ut3,ut4
Cette pièce, notée sans accompagnement, se chante à trois voix d’hommes : haute-contre, taille et basse. On pourra ajouter une basse continue en doublant la partie vocale la plus grave.
Notes sur le texte
Chanson anonyme en provençal qui met en scène, dans une perspective misogyne, des lavandières occupées à débiter des médisances. Outre la bêtise qui leur est attribuée, l’auteur suggère une consommation d’alcool qui, combinée à la pirouette finale en forme d’adieu à l’eau, confère une coloration bachique à cette pièce rare pour le xviie siècle (voir le dossier de Jean-François Courouau).
Texte
Qu vou si donnar dau plesir
Que vengue ausi eme lesir,
Aupres (a) deis courens (b), aupres deis rebieres (c),
Lou caquetar deis Bugadieres,
Lou pati pata deis baceous
Quesgayon seis febles serveous.
Son coume daillez en regados.
Si non mangeon la sautrissado,
Pauro mestresso, dison mau
De vous et de tout vouostre houstau.
Essugon lou flascou sur tout.
Adiou, remedi per gouttous.
(a) source (b) : « aupreis ».
(b) id. (hc, b) : « coureins ».
(c) id. (t.) : « ribieres ».
Traduction
Qui veut se donner du plaisir
Vienne entendre à loisir,
Auprès des courants, des rivières,
Le bavardage des lavandières,
Le paf paf des battoirs
Qui égayent leurs faibles cerveaux.
Elles sont comme des rangées de faux.
Si le sel qu’elles mangent n’est pas égrugé,
Pauvre maîtresse, elles disent du mal
De vous et de toute votre maison.
Elles passent tout à l’étamine.
Adieu, remède pour les goutteux.
(établissement du texte et de la traduction : Jean-François Courouau)
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