Anonyme

HA MORIOR

[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.87]

Attribution

Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).

Source

Anonyme, [sans titre], dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.87), partition, ms,
365 x 230 mm, f. 108
v-109v, F-TO : ms 168

(f. 108v-109-109v en entier.)

Datation – Provenance

Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune autre concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique. Cette œuvre peut être rapprochée du motet anonyme Heu unus ex vobis (voir Tours-168, n° t.7). Il est difficile de ne pas voir là aussi le modèle de Bouzignac, par exemple dans son Dum silentium (voir Tours n° t.37).

Pour ce qui est de la provenance de ce motet, il n’est pas impossible qu’il ait été composé en Languedoc ou en Provence (voir Tours n° t.22).

Utilisation liturgique

Semaine sainte ?

Effectifs – Disposition – Interprétation

sol2,ut3,ut4,ut4,fa4

Le motet est composé pour un chœur à cinq parties. La partie de dessus, chantée par les enfants de chœur, est accompagnée par quatre pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille, basse-taille et basse.

Les plaintes de Jacob étant constamment confiées à la partie de taille, il est souhaitable d’isoler une taille soliste.

Notes sur le texte

Le texte anonyme de cette histoire sacrée se présente sous la forme d’un centon dialogué. Les paroles sont tirées de la Genèse (XXXVII, XV), de Ruth (I.20), des Méditations de saint Augustin (VII.1), de saint Martin et de saint Jean Chrysostome. Si la plupart des incises respectent les sources littéraires, l’auteur de ce centon a modifié certaines phrases : ainsi le « Quid commisisti, dulcissime puer, ut sic judicareris ? quid commisisti, amantissime juvenis, ut sic tractareris ? » a été réduit à la formule « Quid commisisti, o dulcissime juvenis ? » ; de même que l’interrogation « quæ occasio tuæ damnationis ? » toujours chez saint Augustin, a été réduite à « quæ causa damnationis ? ». La destination liturgique est inconnue.

Le centon fait référence à l’un des plus beaux passages de la Genèse (XXXVII), que Claude Joli, évêque d’Agen, commente ainsi entre 1665 et 1678 : « Je ne sais si dans toute l’Ecriture, vous trouverez une douleur égale à celle que ressentit le patriarche Jacob, quand ses enfants lui présentèrent la robe toute sanglante de son cher Joseph » (Prônes de messire Claude Joli, Paris, Edme Couterot, 1718, tome III, p. 349). Joseph, l’un des douze fils de Jacob, son préféré parce qu’il l’avait eu étant vieux, est jeté dans une citerne par ses frères jaloux dans le dessein de le laisser mourir de faim. Ses frères prennent soin de lui ôter la tunique de couleur que Jacob lui avait fait faire comme une marque de distinction. Plus tard, ils le retirent de la citerne et le vendent comme esclave pour vingt pièces d’argent à des marchands Ismaëlites de passage sur la route d’Égypte. Ils prennent alors la tunique de Joseph, la trempe dans le sang d’un chevreau et la porte à Jacob qui, la reconnaissant, croit que son fils a été dévoré par une bête féroce. Joseph devient plus tard, par la grâce de Pharaon, l’homme le plus puissant d’Égypte et lorsque la famine frappe la terre, il fait venir les enfants d’Israël en Égypte, où ils s’installent dans le pays de Goshen. D’où, peut-être, l’allusion à Mara [Amara], tirée de l’Exode (XV), lorsque Moyse, ayant fait sortir les Israëlites de la mer Rouge, traverse le désert de Sur et trouve un point d’eau à Mara, eau pleine d’amertume (d’après R.P. Louis de Carrières, La Sainte Bible, Paris, Gaume et Duprey, 1870, tome I).

Texte

« Ha ! morior ! »

Ha ! morior !

« Vocate me Amara ! »

Ha ! morior !

« Quid commisisti ? »

Quid commisisti, o dulcissime juvenis ?

« Quod scelus tuum ? »

Quæ noxa tua ?

« Quæ causa mortis ?

Quæ causa damnationis ?

« Ha ! morior ! »

O crudeles Judæi, fera pessima estis, nam meum Joseph devorastis.

« Ha ! morior ! »

Infirmos vestros curavit, mortuos suscitavit.

« O perfidi ! »

Post tanta miracula,

« O ingrati ! »

Post tanta beneficia.

« Ha ! morior ! »

Ha ! morior !

Traduction

« Ah ! je me meurs ! »

Ah! je me meurs !

« Appelez-moi Amara ! »

Ah ! je me meurs !

« Qu’imagines-tu ? »

Qu’imagines-tu, ô si doux garçon ?

« Quel est ton crime ? »

Quelle est ta pénitence ?

« Quelle est la cause de ta mort ? »

Quelle est la cause de ta damnation ?

« Ah ! je me meurs ! »

O Juifs cruels, vous êtes comme la plus féroce bête carnassière, car vous avez dévoré mon Joseph.

« Ah ! je me meurs ! »

Il a soigné vos infirmes, il a ranimé les morts.

« O perfides ! »

Après tant de prodiges,

« O ingrats ! »

Après de si grands bienfaits,

« Ah ! je me meurs ! »

Ah! je me meurs !

 

(traduction : Jean Duron)

 

Résumé

Compositeur

Titre

Ha morior

Effectif simplifié

Cinq parties avec une voix d'enfants

Effectif détaillé

sol2,ut3,ut4,ut4,fa4

Source

Tours BM : ms 168, n° t.87

Genre musical

motet

Genres littéraire et liturgique

histoire sacrée
centon dialogué

Identifiant

Lieu cité

Languedoc
Provence

Utilisation liturgique

Semaine sainte