Anonyme
JESU PROPITIUS ESTO
[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.55]
[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.143]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions). Celle de Martial Leroux (voir Bibliographie) qui rappelle que Guillaume Bouzignac fut maître des enfants de Rodez entre 1629 et 1632, bien que séduisante, nous semble douteuse. La source B qui prend soin de mettre en valeur les œuvres de ce compositeur, ne précise rien à cet endroit. Le motet a pu tout autant être composé par l’un des prédécesseurs de Bouzignac, Guillaume Groc qui prit ses fonctions en 1610 ou Pierre Arnaultet à Rodez à partir de 1619, ou par son successeur, Guillaume Gouteth.
Sources
A.
Anonyme, [sans titre], dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.55), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 74-75, F-TO : ms 168
(f. 74 et 74v en entier ; 1er système du f. 75)
B.
Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.143), partition, ms,
352 x 220 mm, f. 119v-120, F-Pn : Rés Vma ms 571
(f. 119v en entier ; 1er et 2e systèmes du f. 120)
Comparaison des sources
Ces deux sources témoignent d’un lien et peut-être d’une origine commune. Toutes les variantes sont décrites dans le document Concordances ci-contre. Elles sont analysées dans le dossier de Peter Bennett. La source B présente plusieurs erreurs rythmiques grossières. La source A propose une solution alternative pour l’hommage à l’évêque de Rodez.
Datation – Provenance
Les références au prénom « Bernardino », à « Henrico principe » et à « Rege nostro » donnent des indications précieuses. Nous suivons ici Martial Leroux qui propose les noms de Bernardin de Corneillan (1577-1645), évêque de Rodez de 1614 à 1645, de Henri II de Montmorency (1595-1632), gouverneur du Languedoc à partir de 1614, et de Louis XIII qui régna de 1610 à 1643. L’œuvre a donc pu être composée entre 1614 et 1632 pour la cathédrale de Rodez. On remarquera que la copie de la source A qui propose une solution alternative à « Pro Bernardino nostro » (« Pro præsule nostro ») témoigne d’une utilisation de ce motet plus large que le diocèse de Rodez, mais toujours à la même époque.
Utilisation liturgique
Saint Nom de Jésus. Litanies.
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,ut1,ut3,ut4,fa4
Le motet est composé pour un chœur à cinq parties. Les deux parties de dessus, chantées par les enfants de chœur, sont soutenues par trois pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille et basse.
Notes sur le texte
Adaptation anonyme (centon ?) des Litanies du saint Nom de Jésus.
Texte
Jesu propitius esto, parce nobis Domine.
Ab omni peccato, libera nos Domine.
Per sanguinem tuum, libera nos Domine.
Per infantiam tuam, libera nos Domine.
Per mortem et sepulturam tuam.
Per suspiria tua, libera nos Domine.
Peccatores, te rogamus audi nos.
Ut nobis parcas, te rogamus audi nos.
Ut regibus Christianis pacem dare digneris.
Te rogamus audi nos.
Pro rege nostro, exaudi nos Domine.
Pro præsule nostro (a), exaudi nos Domine.
Pro Henrico principe, exaudi nos Domine.
Peccatores, te rogamus audi nos.
Ut fructus terræ servare digneris.
Te rogamus audi nos.
(a) source B, solution alternative : “pro Bernardino nostro”.
Traduction
O Jésus, soyez-nous favorable, pardonnez-nous, Seigneur.
Délivrez-nous, Seigneur, de tout péché.
Par votre sang, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre enfance, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre mort, et par votre sépulture.
Par vos soupirs, délivrez-nous, Seigneur.
Écoutez-nous, Seigneur, quoique nous soyons pécheurs.
Nous vous prions de nous pardonner, exaucez-nous, s’il vous plaît.
Nous vous prions d’accorder une paix véritable entre les rois Chrétiens.
Écoutez-nous, Seigneur, quoique nous soyons pécheurs.
Pour notre roi, écoutez-nous, Seigneur.
Pour notre évêque [Bernardin], écoutez-nous, Seigneur.
Pour le prince Henri, écoutez-nous, Seigneur.
Écoutez-nous, quoique nous soyons pécheurs.
Nous vous prions de nous conserver les fruits de la terre.
Écoutez-nous, quoique nous soyons pécheurs.
(traduction d’après : Le Bréviaire romain, en latin et en françois suivant la réformation
du S. Concile de Trente, Paris, Denys Thierry, 1688, p. cccvii-cccxi)