Anonyme
O LILIA GRATIARUM
[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.50]
[Paris, Bibliothèque nationale de France, Rés. Vma ms 571, n° d.134 et d.137]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).
Sources
A.
Anonyme, [sans titre], dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.50), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 69v-70, F-TO : ms 168
(2e système du f. 69v ; f. 70 en entier)
B.
Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.134), partition, ms,
352 x 220 mm, f. 113, F-Pn : Rés Vma ms 571
(fin du 1er système et 2e système du f. 113)
incomplet : seul le début de l’œuvre (mes. 1-27) est noté ici. À la fin, la mention « fol. 26 / fugit » renvoie à la source B’ au f. 114 (anciennement f. 26)
B’.
Anonyme, [sans titre], dans Recueil Deslauriers (n° d.137), partition, ms,
352 x 220 mm, f. 114, F-Pn : Rés Vma ms 571
(1er système du f. 114)
incomplet : seule la fin de l’œuvre (mes. 28-39) est notée ici sans indication.
Comparaison des sources
Ces deux sources témoignent d’un lien et peut-être d’une origine commune. La source B montre une certaine hâte du copiste qui achève son travail sur un nouveau feuillet sans avoir utilisé le recto du premier, mais qui commet aussi un grand nombre d’erreurs de copie à la fois dans la musique et le texte. Toutes les variantes sont décrites dans le document Concordances ci-contre. Elles sont analysées dans le dossier de Peter Bennett.
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune autre concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique. Toutefois, il est possible que cette œuvre ait été composée dans le Sud-Ouest de la France du fait de l’origine du texte (voir ci-dessous).
Utilisation liturgique
Rosaire de la Vierge.
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,ut1,ut3,ut4,fa4
Le motet est composé pour un chœur à cinq parties. Les deux parties de dessus, chantées par les enfants de chœur, sont soutenues par trois pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille et basse.
Notes sur le texte
Ce très beau texte, centon anonyme, a été très largement inspiré d’un passage d’une homélie de Juan de Cartagena (1563-1618), frère mineur espagnol, professeur de théologie à Salamanque. Cette homélie a été publiée à Paris en 1609 (voir Juan de Cartagena, Homiliæ catholicæ de sacris arcanis deiparæ et Josephi, nouvelle édition, Paris, Sébastien Chappelet, 1620, tome IV, coll. 329) :
« O Rosæ, ò Spinæ. Rosæ gratiarum, Spinæ tribulationum. Benedicta Maria sanctificatur ; En Rosam. Benedicta Virgo patre orbatur ; En Spinam. Beatissima Virgo in Templo offertur ; En Rosam, B. Virgo jejuniis, ac vigiliis se affligit, En spinas ; Ab Angelo salutatur ; En Rosam. Sed turbati videt Joseph ; En Spinam. Christum Virgo parit ; En Rosam. Sed reclinat in præsepe, quia non erat ei locus in diversorio ; En Spinam. Magos Christum adorantes cernit ; En Rosam. Sed fugit in Ægyptum ; En Spinas. Christum videt miracula facientem ; En Rosas. »
Très curieusement, ce passage se retrouve avec quelques variantes et dans un autre contexte sous la plume du père hiéronymite Daniele Malonio de Bologne dont l’Historia admiranda de Jesu Christi stigmatibus fut publiée à Douai en 1607 (voir la nouvelle édition, Douai, Baltazar Bellère, 1616, p. 56).
Texte
O lilia gratiarum et spinæ (a) tribulationum.
Maria sanctificatur : en (b) lilia.
Maria patre orbatur : en spinas (c).
Maria in templo offertur (d) : en lilia.
Maria se affligit (e) : en spinas.
O lilia gratiarum et spinæ (f) tribulationum.
Ave Maria ab angelo salutatur : en lilia.
Turbari videt Joseph : en spinas.
Fugit in Ægyptum.
Videt miracula : en lilia.
O lilia gratiarum et spinæ (g) tribulationum.
(a) Deslauriers : « spinis ».
(b) id. : « et ».
(c) id. : « spinis ».
(d) id. : « ofertur ».
(e) id. : « affigit ».
(f) id. : « en spinas ».
(b) id. : « spinis ».
Traduction
O vous, lys de toutes les grâces et vous, épines de tous les tourments.
Marie est sanctifiée : ce sont les lys.
Marie est privée de père : ce sont les épines.
Marie est présentée au temple : ce sont les lys.
Marie est abattue : ce sont les épines.
O vous, lys de toutes les grâces et vous, épines de tous les tourments.
Je vous salue Marie, elle est saluée par l’ange : ce sont les lys.
Elle voit Joseph troublé : ce sont les épines.
Elle s’enfuit en Égypte.
Elle reconnaît le miracle : ce sont les lys.
O vous, lys de toutes les grâces et vous, épines de tous les tourments.
(traduction : Jean Duron)