Anonyme
SURGE AQUILO
[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.22]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).
Sources
Anonyme, [sans titre], dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.22), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 41-42, F-TO : ms 168
(2e système du f. 41 ; f. 41v en entier ; 1er système du f. 42.)
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique.
Utilisation liturgique
Offices de la Vierge. Assomption ?
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,sol2,ut2,ut3,fa3
Le motet est composé pour un chœur à cinq parties. Les deux parties de dessus, chantées par les enfants de chœur, sont soutenues par trois pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille et basse.
Le dispositif de clés (chiavettes ?) et la hauteur des différentes parties, notamment celle de haute-contre, laisse à penser qu’il faut transposer ce motet probablement une tierce mineure plus bas (lecture dans les clés respectivement d’ut1,ut1,ut3,ut4,fa4). Le choix du dispositif de clés est logique pour l’époque, permettant d’éviter une armature en dièses.
Les mesures « Surge Aquilo » qui interviennent dans le cours de la pièce, notées indifféremment en A ou o, nécessitent un choix d’interprétation.
Notes sur le texte
Pour ce centon destiné à une fête de la Vierge, peut-être celle de l’Assomption, le poète anonyme s’est inspiré du Cantique des cantiques dont il reprend textuellement quelques locutions (iv.16, 15) ou en les modifiant légèrement : ainsi le « in hortum meum » du Cantique (v.1) devient « in hortum Mariæ ». Pour la dernière incise, plus libre, aucune concordance n’a été trouvée. Toutefois, on notera l’ouverture de la phrase par le « Ecce quam » qui évoque le « Ecce quam bonum » du psaume 132, formule qui sert d’oraison aux cérémonies de vesture des religieuses.
Les onomatopées colorées du début, « fla, fla, fla », d’un style populaire, évoquent le souffle du vent (du latin « flamen »). Elles sont utilisées dans les chansons populaires du midi de la France.
Texte
Surge Aquilo, veni Auster, fla, fla, fla, in hortum Mariæ.
Fons hortorum, puteus aquarum viventium, quæ fluunt impetu de Libano.
Veni Auster, fla fla fla, in hortum Mariæ.
Ecce quam floridus Mariæ hortulus, ad flumina Paradisi et ad divinum solem plantatus, in montibus Sion effloruit / floruit.
Traduction
Levez-vous, Aquilon ; venez, vent du midi, fla, fla, fla, dans le jardin de Marie.
Vous êtes la fontaine des jardins, le puits des eaux vivantes, qui coulent avec impetuosité du Liban.
Venez, vent du midi, fla, fla, fla, dans le jardin de Marie.
O qu’il a brillé dans les montagnes de Sion, le petit jardin fleuri de Marie, planté près des fleuves du Paradis et près du divin soleil !
(traduction d’après : Isaac Le Maître de Sacy, Cantique des cantiques traduit en françois, Paris, Guillaume Desprez, 1694.)