Anonyme
EGO GAUDEBO IN DOMINO
[Tours, Bibliothèque municipale, ms 168, n° t.20]
Attribution
Ce motet est anonyme. Les attributions précédentes sont sans fondement (voir Dossier attributions).
Sources
Anonyme, [sans titre], dans Recueil de motets et chansons de Tours (n° t.20), partition, ms, 365 x 230 mm, f. 38-39, F-TO : ms 168
(f. 38-38v en entier ; 1er système du f. 39.)
Datation – Provenance
Aucun élément factuel ne permet de dater ce motet pour lequel aucune concordance n’a été établie, ni même de proposer une provenance géographique.
Utilisation liturgique
Saint Nom de Jésus. Antienne ?
Effectifs – Disposition – Interprétation
sol2,ut1,ut3,ut4,fa4
Le motet est composé pour un chœur à cinq parties. Les deux parties de dessus, chantées par les enfants de chœur, sont soutenues par trois pupitres de voix d’hommes : haute-contre, taille et basse.
Notes sur le texte
Aucune mention de ce centon anonyme n’a pu être trouvée dans les livres liturgiques de l’époque, hormis celles du refrain « Ego autem » qui proviennent du Livre d’Hababuc (iii.18) : « Ego autem in Domino gaudebo : et exultabo in Deo Jesu meo ». On notera la variante « salutari meo » qui est fréquente.
Le texte des trois couplets a bénéficié d’une grande diffusion dans les milieux jésuites de toute l’Europe. Ils accompagnent en effet, comme emblèmes, de belles images de piété hollandaises qui semblent avoir été gravées par Anton Wierx (?-1624) pour un livre intitulé Cor Jesu amanti sacrum publié vers 1586 – voir Louis-Joseph Alvin, Catalogue raisonné des portraits gravés par les trois frères Wierix, Bruxelles, Arnold, 1867. Cet ouvrage, souvent réédité sous diverses formes, a eu une grande diffusion en Amérique espagnole, mais aussi dans toute l’Europe, notamment au Portugal – voir Helmut Renders, « A Obra Cor Iesu amanti sacrum, de António Wierix : a religio cordis jesuíta no início da reforma católica e a pomoção da via mística tripla », Imago : Revista para Emblematica y Cultural Visual, 7 (2015), p. 135-164 – ou en Pologne – Mikołaj Mieleszko, Emblematy, Warszawa, Wydawnictwo Neriton, 2010, p. 172-211.
Curieusement ces gravures attribuées à Wierx sont publiées en flamand dans Sybrand Feitama t’Amsteldam, Het Hert aan Jesus zyn beminde heheilid (Anvers, s.n., s.d.). Les gravures apparaissent sous le nom (« fecit ») de Charles de Mallery (1571-1635), graveur et marchand d’estampes, peut-être élève des frères Wierx, et sous celui (« excudit ») de Joan Galle (1600-1676). Voir annexe ci-dessous.
Texte
Ego gaudebo in Domino et exultabo in Deo, salutari meo.
Cordis delitium,
Jesu dulcissime
Servorum vota suscipe.
Ego gaudebo in Domino et exultabo in Deo, salutari meo.
Eya Jesu, tibi notum,
Cor si lubet, lustra totum
Pia (a) tuo sanguine.
Ego gaudebo in Domino et exultabo in Deo, salutari meo.
Bone Jesu, fontes fluant,
In cor nostrum toti ruant
Gratiarum rivuli.
Ego gaudebo in Domino et exultabo in Deo, salutari meo.
(a) Tours-168 : « pio ».
Traduction
Mais pour moi, je me réjouirai dans le Seigneur, je tressaillerai de joie en Dieu, mon Sauveur.
O très doux Jésus,
délices de mon cœur,
recevez les vœux de vos serviteurs.
Moi, je me réjouirai dans le Seigneur, je tressaillerai de joie en Dieu, mon Sauveur.
Ah ! Jesus, s’il vous plaît,
Nettoyez ce cœur que vous connaissez si bien,
Purifiez-le complétement par votre sang.
Moi, je me réjouirai dans le Seigneur, je tressaillerai de joie en Dieu, mon Sauveur.
O bon Jésus, coulent les fontaines,
Dans notre cœur, se répandent
Tous les petits ruisseaux de grâces.
Moi, je me réjouirai dans le Seigneur, je tressaillerai de joie en Dieu, mon Sauveur.
(traduction du refrain d’après : Augustin Calmet, Commentaire littéral sur tous les livres de l’ancien et du nouveau Testament : les XII. Petits prophètes, Paris, Pierre Emery, 1715, p. 467 ;
traduction des couplets : Jean Duron.)
Annexe
Sybrand Feitama t’Amsteldam, Het Hert aan Jesus zyn beminde heheilid, Anvers, s.n., s.d.